vendredi 7 mai 2010

L'iPad, tigre de papier ou révolution culturelle ?

L'histoire n'est pas encore écrite...

Tout juste disponible aux Etats-Unis, pas encore en Europe, l'iPad d'Apple ne laisse pas les éditeurs de presse indifférents. Paradoxe : il fait tout autant rêver qu'il donne des cauchemars.

Bluff politique ?
Cela fait des années, un peu plus de dix ans, que la première bulle Internet a explosé. Entre 1994 ou 1996 et mars 2000, on a beaucoup rêvé des perspectives offertes par Internet. L'argent étant disponible (épargne constituée par les baby boomers pour préparer leur retraite) et les taux d'intérêt peu élevés, la valorisation de start-up promettant la lune progressait chaque mois. Les (futurs) internautes devaient passer de plus en plus de temps sur des sites de plus en plus riches en contenus, de plus en plus sophistiqués, et les annonceurs devaient payer l'addition... Ce qui ne s'est pas produit, ou pas assez vite au regard des investissements alors consentis... Et la bulle a explosé, à la suite d'une série d'opérations vérité portant sur des symboles de ce qui avait tiré la croissance vers le haut.
Aujourd'hui, les éditeurs attendent énormément de l'iPad : la tablette d'Apple pourrait devenir un moyen simple de vendre du contenu via iTunes, cette habitude existant déjà pour acheter de la musique ou des applications pour iPhone.
Mais l'iPad, aussi magique soit-il, parviendra-t-il à convaincre les consommateurs de presse à acheter sur iTunes un contenu qu'ils rechignent à acheter partout ailleurs en ligne ?


Bluff économique ?
Les coûts de la mise en place d'une version iPad, lorsqu'on édite déjà un magazine,sont relativement limités. La technologie de base existe déjà, au moins pour une version simple. Zinio, par exemple, propose déjà une très intéressante plateforme de téléchargement de magazines vendus à l'unité ou par abonnement. Là où le bât blesse, c'est l'accès à la plateforme de distribution et d'achat. Le fait de mettre les contenus à disposition sur iTunes sera-t-il suffisant pour que les acheteurs se jettent sur ce contenu payant mis à leur disposition ?


Bluff commercial ?
Il ne faut pas confondre le contenant et le contenu. L'iPad est peut-être, sans doute, un outil magique. Un outil qui a la capacité de révolutionner le rapport à l'informatique comme Macintosh l'avait fait en 1984. Mais c'est l'éditeur qui est le maître du contenu. Or, iTunes, n'est pas "gratuitement" mis à la disposition des éditeurs comme le réseau des diffuseurs l'est du fait de la Loi Bichet... Apple va prendre sa part du chiffre d'affaires... Attention à ne pas céder au propriétaire des tuyaux l'essentiel de la marge générée par la commercialisation d'un contenu devenu plus sexy juste parce qu'il est numérisé. Par ailleurs, l'industrie de la musique a payé au prix fort la numérisation des contenus. N'ayons pas la mémoire courte !